L’année 1890 fera époque dans les annales de l’agriculture de la province de Québec.
Pour la première fois en ce pays, la classe agricole recevait des distinctions spéciales. Plus que cela, on faisait pour elle ce qui n’avait jamais été fait pour aucune autre des classes industrielles. On la mettait ainsi en relief devant tout le pays, on l’exaltait à tous les yeux comme un objet éminemment digne de l’émulation nationale.
Le Mérite Agricole venait d’être institué dans la province de Québec, par une loi passée à la Législature à la session de 1889.
Rappelons ici en quelques traits de plume les circonstances dans lesquelles le Mérite Agricole de la province de Québec à vu le jour.
On sait que cette chevalerie de l’agriculture existe déjà en France. Pendant son voyage en France, l’honorable M. Mercier avait été frappé de l’impulsion que cette création avait donnée au progrès agricole. Ce fut pour lui une inspiration. A son retour, il en parla avec enthousiasme à tous ses amis et l’honorable M. Rhodes. À la mesure de la dotation des familles des douze enfants, s’ajouterait celle du mérite agricole.
La nature humaine est partout la même; l’émulation est le plus puissant levier du succès, dans toutes les industries, dans tous les travaux où s’exercent l’activité et l’énergie du peuple. En voyant combien étaient recherchés et disputés les médailles et les rubans du Mérite Agricole Français, M. Mercier s’était demandé pourquoi il n’introduirait pas avec autant de profit, dans un jeune pays avant tout agricole, cette Légion d’Honneur du laboureur. Son attente n’a pas été déçue, car dès les débuts du nouvel Institut chez nous, le grand nombre et la supériorité des concurrents en ont assuré le succès , et dès ce premier essai on a pu se convaincre que l’œuvre était née pour vivre et produire des fruits abondants.
En 1890, l’honorable M. Mercier, reprenait l’oeuvre du Mérite Agricole et la relevait encore en donnant à l’inauguration des collations de diplômes l’éclat d’une démonstration officielle. Ces honneurs extraordinaires rendus à l’Agriculture en séance publique, en présence de tous les corps représentatifs de la nation, le spectacle de brillantes cérémonie, l’hommage des vois les plus éloquentes et les plus autorisées de la Province, la publicité de toutes les pièces de concours, la proclamation des noms des diplômés, l’exposé des motifs qui leur valaient cet honneur, tout cela était en effet de nature à créer une impression profonde et durable. En exaltant ainsi la charrue, on allait donner le coup de grâce à un préjugé, malheureusement encore trop communément répandu, et décréter que de ce jour le travail de la terre cessait d’être considéré comme la moins noble des carrières. Quel viril enseignement pour la jeunesse, trop souvent détournée d’une existence profitable à son pays par les mirages de la vie des villes et des professions libérales, ce rêve d’éternelle déception où les garçons de vingt ans voient leur image, vêtue à la dernière mode, le cigare aux lèvres, la canne à la main! Quel aiguillon aussi pour le progrès de l’agriculture!
Source : Livre d’or du Mérite Agricole de la Province de Québec, page commémoratives du premier concours 1890.